Fidèle à sa ligne, le Cabaret de Curiosités du Phénix fait comme chaque année la somme du meilleur de la production contemporaine, avec des exclusivités et des paris sur les créatifs du moment, tout en observant quelles sont les tendances qui s'en dégagent. Et pour cette édition 2025 qui se déroulera du 25 au 28 février, c'est la thématique ...
Avec Cristaux, Nosfell retrouve la saveur du sel de la vie
Il est dit que chaque légende a un fond de vérité. Une affirmation qui serait comme une feuille de route pour Nosfell, auteur et interprète de Cristaux. Avec son oratorio fantastique, l'artiste chante et joue un nouveau folklore, incarné par toute une galerie de personnages unis autour d'un minéral essentiel, le sel. Une œuvre qui parle de la vie et des pas nécessaires à l'entretenir, et qui a trouvé un écho particulier lors de sa représentation dans le hall de l'hôpital Jean Bernard ce 18 janvier. Ce « sel de la vie » fait un parallèle évident avec les Remèdes de l'âme, ce partenariat entre le centre de soin et le Phénix, et qui invite à la prochaine date de Cristaux ce 8 février qui se tiendra dans le grand théâtre de la scène nationale.
Et si la vérité n'était pas seulement celle que l'on vit, mais également celle que l'on raconte ? La démarche de Nosfell s'inscrit dans ce registre, où les histoires ont un fond palpable, pour mener à des récits qui donnent libre cours à l'imaginaire. C'est tout un univers, onirique et inventant de nouvelles réalités, qui donne corps aux créations de l'artiste. Quand Nosfell nous parle du sel dans Cristaux, son chant et ses gestes retranscrivent le parcours de personnages qui en vivent, jusque sa disparition subite. Ce mythe renvoi à du concret lorsqu'il évoque avec nous ses moments de recherche et d'observation notamment sur l'île de Noirmoutier. Il détaille son expérience : « j'ai tiré le sel, sa fleur, je voulais recueillir les odeurs ».
Pour lui, c'était une étape essentielle pour parfaire ce récit qui lui tenait à cœur depuis longtemps. Jouer avec le concret, pour tendre vers l'irréel, c'est le rôle du conteur, du passeur. Un cycle de la vie qu'il exprime en nous parlant de sa famille, de sa grand-mère berbère et ses pratiques païennes de soins, jusque la naissance de la fille et ce besoin de lui raconter des histoires, Nosfell entretient ainsi une tradition orale, à la fois éphémère et séculaire.
Dans le hall de l'hôpital Jean Bernard transformé en scène pour la représentation du 18 janvier, Nosfell a interprété son récit tel que le contexte lui permettait. Les spectateurs étaient installés aux quatre coins de ce plateau de circonstance, mais aussi accoudés à des tables au milieu, « des îlots » selon le terme de l'artiste qui y voyait là l'expression d'un environnement marin. Une adaptation nécessaire qui rendait la représentation unique, voilà qu'un rayon de soleil perce une vitre et Nosfell s'installe dans la chaleur de ce projecteur de fortune.
Un côté malléable qui renvoyait à sa prestation, où il était tour à tour chanteur et performeur, dragon, petite fille, ou animal. Parfois tragique et à d'autres moments comique, un éventail rendu possible grâce à une tessiture mariant les graves comme les aigus. Une prestation qui fut félicitée dès ses derniers instants, « mais quelle énergie déployée, un grand bravo », s'exclame Sébastien, participant aux ateliers théâtre des Remèdes de l'âme.
« Si l'histoire vous échappe, il vous reste votre imagination » entend-t-on en introduction de Cristaux. Pour Nosfell le récit serait telle une boule d'argile qui n'appartient plus à celui qui la livre dès qu'elle arrive dans d'autres mains. Elle garde sa masse et sa texture, mais sa forme est ce que l'on en retient. C'est ainsi qu'il a pensé son oratorio, si le terme ne vous est pas familier, il s'agit selon le Larousse d'un « genre de musique vocale dramatique à sujet religieux », et sur ce dernier point c'est la mythologie pensée par l'artiste qui prend le relais. « J'ai joué avec ce terme comme je joue des codes », une ligne directrice forte pour celui qui a toujours préféré imaginer plutôt que subir le réel. Son parcours artistique et de vie est jalonné de cette envie, lui qui s'est créé un personnage comme ses parents immigrés ont dû parfaire leur intégration. On n'est jamais dans le vrai à l'écouter, et Cristaux serait la somme des parfaits, avec la métaphore comme bouée de sauvetage.
Si vous avez manqué cette représentation de Cristaux, ne manquez pas la prochaine qui se déroulera au Phénix le 8 février, infos et réservation aux liens ci-dessous. Retrouvez également en fin d'article notre focus sur l'opération les Remèdes de l'âme.
X.V.
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