A Travers Chants se prépare à St Saulve, c'est du 22 février au 29 mars que se tiendra l'événement consacré aux chansons en langue française. En attendant des artistes sont en résidence comme c'est le cas ce début janvier avec Hélène Piris. La chanteuse qui avait déjà participé au festival en 2021 sortira très bientôt son nouvel album intitulé « c'est moi ou il fait chaud ? ». Elle profite des équipements de la salle pour roder son tour de chant, sous l'œil attentif d'élèves du collège Notre-Dame. Des rencontres auxquelles Valexplorer a assisté, une actualité brûlante dans le froid de l'hiver.
Dans ce monde fait de dérèglements climatiques, de montée des extrêmes, et de réseaux sociaux qui alimentent les ego, Hélène Piris tire son épingle du jeu en s'inspirant de ce qui ne tourne pas rond. Armée de son violoncelle et d'un humour décapant, elle chante les frasques d'un Vladimir Poutine se prenant en selfie torse nu en Sibérie, « influenceur ça paie mieux que dictateur ».
Voilà le décor de son prochain disque prévu pour le 27 mars et qui s'intitulera « c'est moi ou il fait chaud ? ». Les pistes sont enregistrées, le financement en ligne fait appel aux contributeurs, reste à roder les morceaux en live, et c'est là que des structures partenaires comme la MJC de St Saulve interviennent en proposant des résidences. Ce travail scénique, généralement réalisé dans une stricte intimité entre musiciens et ingénieurs, a ouvert ses portes à des collégiens de Notre-Dame de St Saulve, pour que les élèves s'imprègnent du travail effectué par les artistes avant leurs concerts.
« Nous avons des programmes pour montrer aux enfants des métiers autres que ceux dits classiques, et par exemple leur faire comprendre que musicien est une profession comme une autre », explique Sabrina Alavoine, qui enseigne le français et qui encadrait le groupe venu assister à la résidence du 9 janvier.
Même si certaines questions des collégiens étaient candides, comme à savoir si Hélène Piris a ses morceaux en ligne, ou qu'est-ce que ce disque à trous en parlant d'un modèle de cymbale, l'important était de proposer une ouverture sur un univers méconnu. Cela dit, certains élèves étaient plus armés que d'autres, à l'image de Louis qui du haut de ses 10 ans pratique la trompette et la batterie en école de musique, en attendant de rentrer au conservatoire, et pourquoi pas envisager une professionnalisation dans la musique : « j'ai bien aimé ce que j'ai entendu, je pense venir voir le concert, et même d'autres », dit-il en parcourant la plaquette de A Travers Chants.
Présentée par Thierry Rungette, à la direction de la MJC, comme une « réflexion sur la vie, qui espérons-le pourra vous permettre de vous épanouir », les échanges avec les musiciens ont révélé le côté humain d'une profession. « On est aussi timides que vous » lance Olivier, batteur, joueur de oud, et compagnon à la scène comme à la ville de Hélène Piris.
Passés ces échanges, le duo a accepté de répondre à nos questions. La « chanteuse lanceuse d'alertes » comme elle fut surnommée par la presse se défend d'avoir une démarche militante, « car je ne suis pas dans l'action », pourtant ses textes sont là pour mettre un coup de projecteur sur certains défauts de notre monde et provoquent une certaine réflexion, ce que lui rappelle Olivier : « tu milites tout de même avec ton outil de travail », les deux trouvent un consensus en se disant « concernés ».
"L'élan artistique doit être d'une grande liberté, mais je ne veux pas heurter les gens "
Hélène « en a gros sur la patate », comme on peut le lire en introduction de la présentation du financement de son prochain disque. Il faut dire que le monde qu'elle observe n'a rien de reluisant, et pourtant sa force est de savoir s'en inspirer, « et avec du second degré, à partir de là on peut tout dire. L'élan artistique doit être d'une grande liberté, mais je ne veux pas heurter les gens ». Une philosophie soutenue par Olivier : « ça enlève le côté donneur de leçons ».
A observer la planète, la chanteuse intègre ses tendances artistiques à son disque, oud ou guitare qui viendrait de l'Europe de l'Est viennent accompagner sa voix haute et claire, « qui avec le violoncelle est son véritable instrument » souligne Thierry Rungette.
Sur scène comme à la ville, Hélène et Olivier sont un couple, une complicité sur la base d'un projet à la base personnel : « c'est le sien » rappelle le batteur multi-instrumentiste, « oui c'est moi la patronne », appuie-t-elle. Cela dit, le projet musical qu'ils présentent en concert a cette avantage que personne n'est laissé à la maison pendant les tournées. Un trait d'union qui va au delà du duo, le public étant comme une famille.
C'est d'ailleurs en fédérant que Hélène avance en tant qu'artiste indépendante, ou comme elle le dit à propos du financement participatif de son disque : « les gens se sentent impliqués, et nous redevables ». Une voie comme des chemins de traverses qui la ramène à St Saulve pour une résidence, un concert de restitution à la Grange aux Idées de Estreux, et un autre pour présenter ses nouvelles chansons en exclusivité pendant A Travers Chants le 21 mars. « C'est un plaisir de revenir à la MJC, c'est des amours. En 2021 il m'a fait confiance en me proposant de jouer avant Sanseverino, je suis donc très heureuse de revenir ».
Ainsi, sachez réserver un accueil à Hélène Piris, qui avec son répertoire agrémenté des nouveaux morceaux de « c'est moi ou il fait chaud ? », sera le 21 mars au festival A Travers Chants, et le 10 janvier à la Grange aux Idées pour une sortie de résidence, et avant le festival elle participera à des ateliers d'écriture avec les collégiens de Notre-Dame. D'ici là, soutenez le financement de son album aux liens ci-dessous.
X.V.
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