A cette heure, nous imaginons facilement que vous avez entre vos mains le programme des Turbulentes, et vous vous livrez à l'exercice difficile du choix des spectacles que vous comptez voir ces 3, 4, et 5 mai. Parmi la trentaine de propositions, il ne vous aura pas échappé que certaines arborent un petit-logo : « co-prod du Boulon », elles sont neuf exactement. Mais alors, à quoi correspond ce label ? Une aide au financement sans doute ? Vous avez là un début de réponse, car l'accompagnement du CNAREP va au delà de ça, c'est tout un ensemble que nous vous détaillons dans notre enquête.
Vendredi 3 mai débutera la 26ème édition des Turbulentes, lors de cette soirée vous pourrez assister à la première exclusive de Check-Off par la compagnie Adhok. Sachez qu'au moment où vous lisez cet article que cette création est dans ses dernières phases de répétition au Boulon, une des expressions de l'engagement de co-production du Centre National des Arts de la Rue et de l'Espace Public de Vieux-Condé. Plutôt qu'engagement, c'est le terme « mission » qui est préféré par Virginie Foucault à la direction de la structure vieux-condéenne, « pour créer les meilleures conditions d'accompagnement ».
Chaque année, c'est une dizaine de résidences qui sont accueillies au Boulon, « dans ses murs et en extérieur ». Tout débute par « une écoute des équipes artistiques », car avant de s'engager sur un projet il faut bien en saisir les tenants. Un exercice qui est parfois plus facile quand la compagnie est identifiée depuis longtemps, quasi-sociétaire du Boulon comme Adhok, « il y a ceux que l'on connaît, mais aussi les émergents », un équilibre à maintenir pour que les chances soient bien réparties.
Une fois le projet et son propos « souvent social, et/ou sociétal » entendus par le Boulon et les artistes, il faut pouvoir le construire, et on ne parle pas que d'écriture et de mise en scène. Le CNAREP est équipé d'ateliers et de parties dédiées à l'assemblage des éléments qui constituent les décors. Une autre aide qui va de soit avec le terme de résidence est l'hébergement, pour ce faire le Boulon met à disposition des artistes une maison sur Vieux-Condé. Tout cet ensemble et évidemment l'angle financier constituent ce qui est englobé dans l'appellation co-production. Ne manque qu'une étape essentielle et finale : la rencontre avec le public.
Il y a forcément la programmation tout du long de l'année au Boulon, le festival les Turbulentes est un autre exemple pertinent avec pour cette année 9 créations soutenues à l'affiche, et enfin existe ce qui est désigné comme les « sorties de fabrique ». Ces rendez-vous permettent au public d'assister aux spectacles dans leur phase de chantier, ou comme l'explique Virginie Foucault « une occasion de partage, avec la question : comment se fabrique un spectacle ? Et aussi un travail sur la désacralisation de l'artiste ». En somme des rapports intimes pour des échanges à taille humaine comme ce fut le cas pour Claire Ducreux et Fleurir les Abîmes qui sera joué dans sa forme finale les trois jours du festival.
Mais alors, comment vivent les artistes cette relation qui allie le professionnalisme, la complicité et toutes ces expressions d'encouragement ? Nous avons profité de la présence de la compagnie Adhok en répétition en ce moment pour récolter le témoignage du co-fondateur Patrick Dordoigne : « des CNAREP on peut dire que le Boulon est une de nos maisons d'attache », un propos qui illustre le fait que toutes les créations de la compagnie ont été jouées à Vieux-Condé. Pour Patrick, le Boulon réunit toutes les conditions nécessaires au travail, et une touche émotionnelle émerge : « nos histoires se croisent depuis longtemps », dit-il en regardant le mur orné de photos riches en souvenirs.
Quand les termes « reconnaissance artistiques » sont prononcés, ils font écho aux deux parties, chacune respectueuse de l'apport de l'autre, « nos histoires se croisent depuis longtemps, on est nés ensemble et de là une fidélité s'est créée », une déclaration faite alors que son regard se perd dans ce bâtiment que Patrick a connu quasiment nu il y a maintenant plus de vingt ans.
Il n'y a pas que Adhok qui répète en ce moment au Boulon, comme chaque année la promotion des 2ème année du cursus de formation du CRAC de Lomme travaille en lien étroit avec une compagnie des arts de la rue pour donner naissance à une création spéciale Turbus. Cette opération découle de l'insertion du Boulon au groupe 4HdF qui comme son nom l'indique regroupe des entités des Hauts de France qui font le lien entre circassiens et artistes du spectacle vivant de l'espace public. En découlera cette année Mes Cheveux dans tes Yeux à voir les samedi et dimanche sur le parking du Boulon.
Sur le site officiel de Adhok on peut lire sur la page d'accueil « on dit d'une structure ad hoc, qu'elle convient parfaitement à une situation, à un usage, et qu'elle est instituée tout spécialement pour répondre à un besoin ». Une définition qui va aussi bien à la compagnie qu'au Boulon car elle illustre le principe de co-prodution et les moyens qui y sont apportés.
X.V.
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